Les forêts, patrimoine de l’humanité ?
Bien qu’il soit indiscutable de considérer que les forêts, premières ressources mondiales contre l’asphyxie du genre humain, fassent intégralement partie du patrimoine de l’humanité, quel gouvernement aura la bonté de repenser les forêts comme patrimoine mondial de l’humanité ?
Transcendant les frontières terrestres et les catégories juridiques, les forêts, en tant que milieu de vie, constituent l’un des enjeux majeurs des temps présents et futurs.
Une bonne piste de réflexion a été apportée par Fernande Abanda Ngono, publiée par Open Editions : https://journals.openedition.org/ethiquepublique/2999
Quelques points clés dans les premiers paragraphes invitent à une réflexion pertinente sur le concept de forêts en tant que patrimoine universel de l’humanité :
» La mise en patrimoine mondial de la nature ou la catégorisation de biens matériels et immatériels comme biens communs de l’humanité est une construction assez récente (Bouisset et Degrémont, 2013) qui rentre dans un processus beaucoup plus large : celui de la sauvegarde des ressources de la nature. Ce dernier s’est posé comme exigence vitale à l’humanité depuis que les effets de la détérioration des rapports entre société et nature se sont fait ressentir. Ainsi la protection des éléments de la biosphère est devenue une urgence impérieuse, une nécessité qui nous impose un devoir de justice intergénérationnelle. » …
» La mise en patrimoine mondial des forêts est un mécanisme mis en place pour restaurer leur intégrité pour le bien des générations présentes et futures. Elle est donc pour beaucoup, et particulièrement pour les conservateurs de la nature, un instrument de sauvegarde d’un héritage écologique (Goedefroit, 2002). »
« … Dans la littérature sur le patrimoine mondial naturel, plusieurs auteurs reviennent sur la dualité culture-nature qui caractérise ce type de patrimoine (Sigrid, 2002 ; Rodary, Castellanet et Rossi, 2003 ; Glon et Chebanne, 2013). Des exemples empiriques qui reflètent la prise en compte de ces deux dimensions dans le processus de patrimonialisation se trouvent dans des paysages européens, dans les sites où la mise en patrimoine a été amorcée par les communautés, et dans une moindre mesure dans des sites non habités. Ce qui n’est pas le cas dans les études de la mise en patrimoine des éléments de la nature dans les zones où vivent les communautés dont la survie en dépend. »